Covid: les troubles olfactifs persistants sont fréquents

La perte de l’odorat, ou anosmie, est l’un des nombreux symptômes associés au coronavirus. Si ces troubles olfactifs liés à la COVID-19 ne durent qu’une quinzaine de jours en moyenne dans la plupart des cas, certains patients rapportent une perte d’odorat persistante, même plusieurs mois après avoir contracté la maladie. Une étude française menée depuis plus d’un an permet de mieux comprendre ce trouble.

Outre la toux, la fièvre et les courbatures, la perte de l’odorat s’est rapidement imposée comme l’un des symptômes typiques de la Covid, dès le début de la pandémie. Camille Ferdenzi et Moustafa Bensafi, qui étudient la plasticité de la perception olfactive chez l’humain, à l’Inserm, ont alors décidé de mettre en place une enquête pour évaluer les caractéristiques de ces troubles olfactifs et leur impact sur la qualité de vie des patients.

Une perte d’odorat qui persiste jusqu’à dix mois

La muqueuse olfactive est une petite région de 2 à 3 cm² qui se trouve dans la partie supérieure des fosses nasales. Elle se compose de différentes cellules, dont certaines sont porteuses de récepteurs ACE2 sur lesquels le SARS-CoV-2 peut se fixer. C’est pourquoi le virus peut entraîner la destruction des neurones olfactifs.

Jusqu’alors, les conséquences des troubles olfactifs sur la qualité de vie des patients, tout comme le temps de récupération étaient relativement mal documentés. Une étude menée d’avril 2020 à janvier 2021 auprès de plus de 3000 participants ayant reçu un diagnostic de COVID-19 et présentant des troubles de l’odorat, a permis d’apporter quelques éléments de réponse.

À peine 20% des patients atteints de troubles olfactifs ont retrouvé leur sens de l’odorat 16 jours en moyenne après avoir été infectés par le coronavirus, voire dans un délai d’un mois pour la plupart. Par ailleurs, l’étude rapporte que plusieurs cas ont nécessité jusqu’à six mois et demi pour retrouver toutes leurs capacités olfactives. Dans le reste de la cohorte, près de la moitié des participants déclarait des troubles toujours persistants, qui duraient depuis 1 à 10 mois.

Un impact certain sur la qualité de vie

Il ressort de l’étude que le développement de troubles olfactifs persistants était plus probable chez les personnes âgées et chez les femmes. De plus, pour la moitié des participants à l’étude, ces troubles étaient le plus souvent associés à une parosmie – soit une distorsion d’une odeur vers une autre, souvent désagréable; un tiers de la cohorte a également rapporté une fantosmie, un genre d’hallucination olfative.

Sans trop de surprise, l’impact délétère de l’anosmie liée à la COVID-19 sur la qualité de vie était significativement aggravé par la durée du trouble; il était en outre plus prononcé chez les femmes et les fumeurs. «Ces personnes ont moins de plaisir à manger, voient leurs relations sociales touchées (en rapport avec les repas ou encore les odeurs corporelles) et sont plus exposées à des risques d’accidents domestiques liés à l’absence d’odorat», explique Camille Ferdenzi.

Heureusement, la muqueuse olfactive est la plupart du temps capable de se régénérer – dans un délai plus ou moins loin selon le taux de destruction des cellules. À noter qu’une étude clinique vise actuellement à tester un ré-entraînement spécifique post-Covid de l’odorat. Si les essais sont concluants, ils pourraient aider à mettre au point une méthode pour accélérer la récupération des capacités olfactives des patients.

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