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La cigarette électronique en Suisse: l’enthousiasme des utilisateurs et la prudence des régulateurs

Le 8 octobre dernier, les députés du Parlement européen ont confirmé le statut « non thérapeutique » des cigarettes électroniques. Ils ont, en effet, voté pour que ce produit, de plus en plus prisé, ne soit pas considéré comme un médicament mais comme un objet usuel, en vente libre dans les boutiques spécialisées (déjà plus de 150 en France) ou dans les kiosques. L’enjeu du débat était de déterminer si la e-cigarette (de même que ses cartouches ou son liquide de recharge avec ou sans nicotine) devait être vendue uniquement en pharmacie car considérée comme une aide au sevrage et pour assurer un contrôle stricte sur son utilisation ou si, au contraire, elle pouvait continuer à être vendue « au coin de la rue » mais seulement aux personnes majeures.

En Suisse, la situation est différente : les e-cigarettes sont considérées comme des objets usuels et en vente libre, tant qu’elles ne délivrent pas de nicotine. Celles qui permettent d’inhaler de la nicotine sont considérées comme des produits thérapeutiques et de tels produits nécessitent une autorisation de Swissmedic pour être mis en vente. Or, aucune autorisation n’a, pour l’heure, été délivrée par l’autorité suisse de contrôle et d'autorisation des produits thérapeutiques.
Cette situation illustre la prudence dont font preuve les autorités suisses à l’égard de la cigarette électronique. Cette position est légitime dans la mesure où les données fiables sur les effets de cette nouveauté manquent encore cruellement.

Le site stop-tabac.ch de l'Institut de Médecine Sociale et Préventive de l’Université de Genève fournit une compilation des connaissances à ce sujet : la e-cigarette délivrerait autant de nicotine qu’une cigarette de tabac, elle serait efficace pour diminuer ou arrêter le tabagisme, son utilisation nécessiterait de « tirer » des bouffées plus profondément (ce qui augmente la pénétration de la vapeur dans les voies respiratoires) et des effets néfastes sur les poumons ont été observés. Le site indique toutefois que quand bien même la cigarette électronique comporterait des facteurs des risques, ceux-ci sont inconnus sur le long terme alors que les risques mortels liés à l’inhalation de la fumée du tabac sont quant à eux définitivement démontrés et très nombreux.

Intuitivement (et vraisemblablement), la cigarette électronique est bien moins dangereuse que la cigarette de tabac mais n’est pas pour autant inoffensive.  Compte tenu des conséquences catastrophiques du tabagisme dans le monde (7'500’000 de morts par année, soit un peu moins que l’ensemble de la population suisse), tout objet qui permette de diminuer l’incidence de la fumée du tabac et qui soit moins nocif que celle-ci devrait être, le bienvenu.

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